Aujourd’hui, ma rencontre est avec le Fleuve. Avec la Loire, Loire qui dessine d’un geste large son chemin dans l’épaisseur des pays qu’elle parcourt. Traversées, tracés, territoires. Lumières, reliefs, espaces. Depuis quelques mois, j’ai commencé à enregistrer des séquences de la vie du Fleuve au fil de ses variations.
Hier, c’est le piano, un grand piano à queue noir, qui est venu à moi. Posé sur trois pattes, tout à la fois animal puissant, machine à sons – plus de 5000 brevets – architecture. J’ai exploré ses équilibres, ses lignes, ses espaces : la pointe – la pointe du couteau ou du chalumeau – entamait la surface, et le trait s’enfonçait dans l’épaisseur de la feuille de carton ou de métal. Découpes, pleins et vides. Plis et rabats. Pas de rajout. Découvrir des espaces qui circulent et qui se déploient d’un seul tenant.
Avant-hier, des troncs d’arbres cédaient – et résistaient – au coin et à la masse qui, sans ménagement mais avec empathie, s’aventuraient dans leur dedans.
Avant encore, les grands menhirs d’ardoise de Trélazé – pans de murs faits de feuilles compressées – m’avaient conduit à les ouvrir pour tenter une percée au sein de l’opaque.
Hier et aujourd’hui, les mêmes approches, les mêmes procédures : clivages, brèches, écartements, étirements, élargissements.
La règle est essentiellement la même : partir d’un donné – tronc d’arbre ou feuille de métal – et, au cours du « forçage » du matériau (par clivage, découpe ou pli), vivre et entendre ce qu’il a à dire, ouvert ou déplié. Dans ses résistances, sa matérialité, et ses possibles. Dans ses équilibres aux limites de la bascule… bascule jusqu’ à l’équilibre nouveau ?
juillet 2008