Plus engagée dans la matière que les autres disciplines, la sculpture constitue, pour moi, la charnière entre nature et culture. Elle assure un va-et-vient entre hasard et projet, désordre apparent et forme organisée.
Avant tout, il y a la rencontre avec le matériau : c’est lui qui invite à l’aventure. Essayer de s’y confronter au plus large – ou au plus serré :
Équilibres. Équilibre précaire. Porte à faux. Saisir le point de bascule.
Étonnement devant les lois de l’équilibre : simples et magiques à la fois.
Frontalité. Signes déployés.
Affirmation de la couleur. Morceaux de couleur : morceaux de vie ?
Donner des concentrés de vie – moments serrés, chocs, éblouissements, moments qui se découpent comme le bloc détaché de la roche-mère. Opposition directe des matériaux. Contrastes, rencontres, rapports du mat et du brillant.
Je vis la sculpture comme prise entre l’instant et le permanent. Dialectique de la composition et de la réponse immédiate.
La sculpture, située entre construire et danser.
Juin 1986